Le Rôle du pitre

mon roman

Axel veut devenir comédien. Et comme il a payé cher une photographe pour faire son book et qu’une fois, il est allé nager à la piscine, nul doute qu’il a de l’avance sur les autres.

Entre école d’acting, castings vidéo et fiascos amoureux, Le Rôle du pitre suit l’errance drôle et lucide d’un jeune homme un peu trop conscient de lui-même, dans un monde moderne impitoyable où les élans romantiques sont une mauvaise idée et où les mollets flasques sont un mystère.

Un roman initiatique, grinçant et tendre, qui chronique avec style une jeunesse en quête de sens, de rôle et d’amour.

Chapitre 1

Le book

« Titouan, un peu plus haut s'il te plaît, voilà et Axel on bouge pas, souris naturellement, voilà c'est pas mal là, allez. » et Théo n'a même pas dit que c'était pas Titouan mais Théo, et je regarde ses bras trembler en brandissant le réflecteur. D'un coup je suis pris d'une grande tendresse pour ce que l'amitié peut nous faire faire. Je me demande aussi sincère­ment comment on peut confondre ces deux prénoms avec autant de confiance, mais je ne bouge pas et je souris. Ces photos sont la clé pour ouvrir la porte de ma carrière, alors je me contente d'y croire et de suivre les instructions de celle qui sait, et qui appelle les gens Titouan. Le déjeuner était assez irréel, quand j'y repense. Et parce que la suite d'événements paraît invraisemblable, c'est plus facile de croire qu'elle s'inscrit dans un destin exceptionnel (le mien).

Il y a un mois, je mangeais une sorte de ragout en lointaine banlieue francilienne avec Michel et sa femme, dans ce qui pour moi répondait à la définition de vétuste maison de campagne, mais qui était leur résidence principale. Michel est un accessoiriste de cinéma que mon père connaît grâce aux cours de Country qu'il prenait, ou qu'il prend toujours d'ailleurs. Et donc mon père un beau jour m'a dit : « Tiens, je pourrais te présenter Michel ! » Et en accord plutôt direct avec cette pensée fugace, il m'a présenté Michel, qui est venu chez nous et qui m'a demandé : « Tu aimes le cinéma ? »

« Oui. » j'ai dit.

De là j'ai fait une immersion dans le quotidien de ce danseur de Country taciturne pendant deux journées et demi, début janvier. Les cours à la fac et à l’école n’avaient pas encore repris, et c'était vraiment comme si j'étais en stage de découverte de troisième mais à 20 ans. Je crois que je m'en rappellerai surtout comme d'une expérience humaine et sociologique, parce que j'avais l'impression d'être la caméra d'un documentaire et que j'en ai appris davantage sur les consé­quences d'un manque d'aptitudes sociales que sur le cinéma. Michel est un homme bourru et soli­taire, et malgré mon acharnement sur toute la durée de ce stage, il m'était absolument impossible de l’imaginer danser sur « Cotton Eye Joe » en santiags avec mon père. Le dernier jour, le samedi, on est allés manger le midi chez lui, dans sa maison vétuste. C'est là que j’ai rencontré sa femme qui m'a dit qu'une amie à elle faisait des photos de comédien, que c'était important d'avoir de bonnes photos à envoyer aux agences ou aux directeurs de castings, que ça permettait de se démarquer. J’ai attendu trois semaines avant d’envoyer un mail. Son amie m’a appelé presque aussitôt pour m’expliquer le déroulé d’une séance photo et les tarifs. 300 euros, je me suis demandé si la femme de Michel avait pas monté une magouille avec commission, mais j’ai décidé de faire confiance et mes parents ont bien voulu financer la moitié. La photo­graphe avait quand-même l’air plus pro au téléphone que quand elle m’a demandé si j’avais un copain qui pouvait venir nous assister, mais donc voilà, Théo-Titouan les bras en l'air, et moi je souris pour le déclencheur.

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